L'association

 - Accueil
 - AVL se présente
 - Historique
 - Statuts
 - Organisation
 - Notion de Patrimoine
 - Vie de l'AVL

  Activités


 - Conférences
 - Visites
 - Journées du Patrimoine
 - Manifestations passées
 - Ateliers
 - Edition
 - Recherches du patrimoine


  Base de données


 - Consultation
 - Accès Adhérents


  Contact


 - Bulletin d'adhésion
 - Contacts

 

Notion de Patrimoine
Notion de « patrimoine » et les référents

Définition adoptée le 12/11/05
Séance inaugurale du « Centre de Ressources Documentaires du Patrimoine du Bassin de La Lémance »

* Christine ESCARMANT-PAUVERT, professeur de lettres, chercheur ethnologue en mythologie.
Patrimoine : son étymologie vient du latin « patrimonium » et signifie, héritage du père (de pater : père). Chez les Romains, ensemble des biens des ancêtres, de la famille, légués par héritage aux descendants.

Notion de base qui est encore valide de nos jours bien que son terrain d’application et la liste des biens concernés se soient beaucoup étendus. Suite à la valeur que certains objets a pris sur le plan symbolique ; comme « les régalias », objets sacrés de la monarchie dont nous citerons un exemple :
la Capella de St Martin (devenue l’objet sacré de la royauté).

Donc ici, on dépasse les limites des biens que la famille lègue en héritage. On accède à un niveau supérieur et à une valeur qui n’est pas seulement matérielle mais aussi symbolique.
Les ancêtres deviennent souvent, les pères fondateurs d’une dynastie, d’un peuple ( hommes illustres réels ou imaginaires) qui ont possédé des biens, des objets qui peuvent être sacrés. Ou bien, créés par le culte que la vie de ces personnes illustres va provoquer, à partir des faits héroïques, exemplaires ou surnaturels.
De ce fait, dans « le Patrimoine », il y a l’idée d’ancêtre d’un peuple, d’une nation, d’un groupe (population déterminée sur un territoire déterminé).
Quand on parle de patrimoine il faut réunir, le langage commun et la langue officielle parce que d’une part, le Patrimoine rassemble tous les biens du passé (notions inséparables) ; et, d’autre part, parce qu’il s’agit de notre rapport « au sacré » qui dote certains lieux, objets, certains biens matériels ( on verra par la suite, immatériels) comme échappant à la loi de l’utilité immédiate.

Ainsi, la notion de Patrimoine, c’est bien le sens de la valeur de biens fondamentaux « inaliénables ».
Très vite, la notion des biens publics, des biens collectifs, des biens transcendant le temps (dans la durée), disons, quand on fait accéder un objet allié au patrimoine, il y a aussi, une transcendance du temps.On est dans L ’ INALIENABLE. Témoins du passé pour le futur, par la transmission des liens entre le PASSE et le FUTUR , ces témoins, dans la notion de patrimoine, sont les témoins de la vie sociale et culturelle présente de l’homme que l’on a tendance à figer dans le passé, dans une immobilité comme dans un musée.

Ce que notre Association veut défendre, comme beaucoup de gens, c’est que « c’est un passé qui continue à vivre pour les gens »

Cette notion de bien public s’est imposée, petit à petit, face à la signification restrictive de départ, d’héritage familial ou de possessions privées.
Même sous l’ancien régime et quoique ce fut pour honorer leur mémoire personnelle, les rois, les comtes, les ducs avaient une conscience de la valeur symbolique du patrimoine. Erigeant, dans les châteaux des statues, des monuments, des arcs de triomphe. En collectionnant des œuvres d’art qu’ils exposaient parfois à la vue du peuple car, ils avaient, malgré tout, un sens de la transcendance du bien.
A la révolution de 1789, le Patrimoine prend sa signification actuelle avec, la confiscation des biens du clergé et à l’aristocratie et la réintégration au bien public.
Il devient le témoin du passé « intemporel » et «inaliénable » de la Nation ; On fait le rapport entre Nation – Etat – patrimoine –
Ce mouvement de signification, ce rapport aux biens communs, s’est amorcé au XVIe. siècle avec l’invention de l’archéologie, les fouilles, les recherches dans le passé ; L’illustration dans le présent du passé à sauvegarder. Désormais c’est l’affaire de tous.
L’histoire du patrimoine c’est un Combat du peuple contre les pouvoirs publics – Tantôt, défendu par le peuple contre les pouvoirs publics – -Tantôt, défendu par les institutions contre des intérêts particuliers.
Il est confié aux soins des gens de l ’ Etat auxquels la nation a délégué, par l’intermédiaire de la démocratie républicaine, la mission de l’identifier, le répertorier, de le protéger.
C’est ainsi que l’instruction de l ’AN II, sur la manière de l’inventorier et de le conserver, adressée aux administrateurs de la République, au sujet, des édifices et des œuvres d’art, le Président de la « Commission des Arts » a adopté en langage très fort suivant :
« Vous n’êtes que les dépositaires d’un Bien dont la Grande Famille a le droit de vous demander compte, « Nos richesses immenses seront réunies dans les musées nationaux, pour les élèves qui voudront se former dans les arts et pour le peuple français devenu seul propriétaire de ces ouvrages du génie comme il en a toujours été le meilleur juge ».

Le Patrimoine va au-delà des monuments historiques et des musées ; des objets et du bâti.
Le temps a plus un rapport quasi sacré, au témoin passé de la présence humaine sur le sol natal ou un sol adopté par un groupe d’hommes ;
Il a acquis la conscience et la responsabilité qui en découle, la richesse collective, historique, culturelle, sociale. Richesse qui puisse passer entre les générations, passées, présentes et à venir.

Exemples de patrimoines :
- Musées, architecture, monuments historiques
- Le patrimoine de Pays
- Les coutumes, les savoir- faire, modes de vie, mémoire orale…
- Intellectuel : livres, œuvres,
- Personnages célèbres : philosophes…
- Outils, façon de travailler la terre, cultiver son jardin
- La Nature, richesse qui fait avec le temps et qui est menacée …

La « notion de patrimoine » signifie également : préservation de tout celà. * Jean Michel BRAUD, Inspecteur des domaines
Je commencerai par une citation de Victor HUGO, « Il ne suffit pas que les générations nouvelles nous succèdent, je veux qu’ elles nous continuent ».
Rappelons-nous Prosper MERIMEE, inspecteur général des Monuments historiques, qui va parcourir la France pendant près de 20 ans, en inventant ce qui deviendra le Service des Monuments historiques, participant à la commission des Monuments historiques chargée de répartir les fonds consacrés par l’Etat à la sauvegarde des monuments jugés intéressants (elle inventera la notion de classement), dénonçant les vandalismes, s’attachant à obtenir le contrôle par la commission de tous les édifices anciens. Ainsi, un immeuble classé ne peut être détruit sans le consentement ministériel, un monument peut être classé d’office contre la volonté de propriétaires privés. Ces règles juridiques de protection du patrimoine rejoignent celles qui se sont constituées autour du domaine public immobilier. C’est ainsi qu’il y a eu construction progressive d’institutions et de services publics au niveau National, Régional, Départemental, Communal dont je ne peux donner ici une liste exhaustive : Institut national du patrimoine, ministère de la culture, FRAC, conservatoire du littoral, grâce à des gens qui les font vivre : conservateurs, restaurateurs, directeurs des archives, archéologues, chercheurs…et, un arsenal juridique de lois et décrets liés à : l’inventaire, à la conservation, à l’étude, aux recherches.
Dans les communes, ces règles sont inscrites au plan d’occupation des sols (P.O.S.) maintenant, le plan d’occupation des sols (P.L.U.).
Par exemple, sous forme de périmètre de protection des monuments historiques inscrits ou classés, de Z.P.P.A.U.P.( zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager).

Aujourd’hui, le patrimoine est en péril.
Sur le plan juridique, le principe fondamental d’inaliénabilité du patrimoine national est remis en cause. Nous citerons, comme exemple, la loi Tasca, sur les musées de France, votée le 20 décembre 2001. Elle remet en cause « le principe de l’inaliénabilité des œuvres appartenant aux collections publiques », en autorisant leur déclassement, c’est à dire leur vente.
Et surtout, revenir sur la fermeture en septembre du musée national des Arts et Traditions Populaires ( A. T. P.).
L’explication donnée, c’est la création à Marseille en 2008 d’un musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Le musée des A.T.P. n’est pas seulement un musée, c’est aussi une documentation, avec un service historique, une iconothèque, une phonothèque, une vidéothèque. Dans la bibliothèque de 100.000 volumes, on trouve différents thèmes, dont artisanat, métiers, compagnonnage, contes et légendes, proverbes, dictons, ethnomusicologie, chansons jeux, jouets et sports, littérature populaire, etc…
Pour Frédéric MAGUET, conservateur au musée national des A.T.P : « c’est un musée d’anthropologie qui traite des pratiques cultivées populaires, avec une IDEE CENTRALE très forte - l’étude des interactions, entre un pouvoir central et des cultures locales, entre une culture dominante et des cultures populaires qu’elles soient urbaines ou rurales ». Georges Henri RIVIERE ( créateur des A.T.P en 1937 ) et son équipe ont toujours évité les pièges des identités fixistes. Les A.T.P ne montrent pas la Bretagne dans un coin, l’Alsace dans un autre, ils tentent de faire comprendre ce qu’il y a de commun dans les mécanismes qui font que ces représentations identitaires peuvent apparaître, se transformer, et, s’exprimer de multitudes manières. En cela il s’agit réellement d’un musée de «synthèse ».
« Y a-t-il continuité entre ce musée et celui qui ouvrira à Marseille ? »
Pour André THILL, ancien conservateur général de la bibliothèque de ce musée des A.T.P :
« Que deviendront les 70% d’objets et de documents qui ne concernent pas la région méditerranéenne ? … Les collections françaises seront noyées, submergées par celles de l’Europe et celles du bassin méditerranéen. Elles ne seront plus utilisées et seront dispersées… Chaque capitale du monde possède un musée d’ethnologie qui concerne ses arts populaires et ses traditions. La France sera le seul pays à vouloir supprimer le sien »

Pour revenir maintenant, sur cette démarche de ne pas opposer les identités ;
Il ne s’agit pas non plus de les laisser tomber dans l’oubli, et de faire comme si elles n’avaient jamais existé. DIDEROT, justifiant la rédaction de l’Encyclopédie, déclarait :
« Pour que les travaux des siècles passés n’aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont » IL y a là un devoir de mémoire : Ne pas laisser partir, bribe par bribe, les témoignages de l’activité humaine, même récente, se souvenir, rassembler, conserver tant qu’il est encore temps.
Je pense aux témoignages oraux ; Un écrivain africain, Amadou HAMPATHE BA, disait, « Quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ».

Qui d’autre que les habitants de la vallée et les élus peuvent avoir ce souci de préservation de l’identité et de la mémoire, en concertation et avec l’aide des représentants locaux des institutions du patrimoine ? L’idée est donc de construire une dynamique partagée avec les habitants et les élus du Val de Lémance. La démarche recherchée est une démarche de mise en patrimoine qui respecte les services publics existants et même recherche leur collaboration.

Le centre de ressources documentaires est en ce sens une forme d’organisation de veille patrimoniale et de proposition.